L’alligator
En lisant ces mots, un poème de Robert Desnos s’est subrepticement imposé à mon cerveau décati d’enseignante retraitée. Impossible de m’en délivrer !
Ce poème, je l’avais sans doute fait apprendre trop souvent à mes élèves. Donc, pas moyen de le zapper.
Le voici :
Sur les bords du Mississipi,
Un alligator se tapit.
Et me voilà navigant sur le fleuve, tranquillement assise dans l’angle d’un bateau avec sa roue à aube.
Il vit passer un négrillon
Et lui dit : « Bonjour mon garçon. »
Eh, alligator, ajoute un bémol à tes paroles ; on voit bien où tu veux en venir !
Mais le nègre lui dit : Bonsoir
La nuit tombe, il va faire noir,
Je suis petit et j’aurais tort
De parler à l’alligator.
Et toc ! Bien fait, alligator ! Pends ta pioche et va plutôt creuser dans cet assemblage hétéroclite à la recherche de ta pitance !
Sur les bords du Mississipi
L’alligator a du dépit,
Car il voulait au réveillon
Manger le tendre négrillon.
Moralité : on a beau être malin, même malin comme un circassien, on trouve toujours plus malin ! Dany