L'heure exquise
C'était une plage blonde
Juste avant la tombée du soir.
Le charivari des jeux et des cris
S'estompa, puis s'éteignit.
Je fus seule enfin !
Seule, écoutant le silence.
La mer, maintenant libérée
Léchait largement le rivage.
Des milliers d'éclats de diamant
Dansaient sur ses clapotis.
Une brise douce et mutine
Affectueusement câline,
Répandait le parfum subtil
De son haleine saline.
C'est alors que tout changea ;
Le soleil épousait la mer !
Pour leurs épousailles, le ciel,
Leur offrit dans ce bel écrin
Un feu d'artifice géant
En mauve, jaune et purpurin.
Avec beaucoup de courtoisie,
La brise me chuchota soudain :
Laisse donc tomber tes hardes
Goûte à ce moment divin,
Quel machiavélisme vois-tu
A montrer ton corps dévêtu ?
Alors, sous cette emprise,
Enivrée d'élixir marin
Lentement je défis les liens
Qui me retenaient captive.
Me fondant, inopportune,
Dans la couleur des éléments,
Nue, et sans pudeur aucune
Je m'immergeais dans l'océan.
Puis pour prolonger cet instant
Ivre d'eau de sel et de vent
La magie du décor aidant
Je m'endormis sous la lune.
Colette