Ultreia !
Le chemin, « el camino » dans sa partie espagnole, cela vous dit quelque chose, forcément ! Par ici, dès le printemps, ils commencent à apparaître, les pèlerins, ceux qui vaillamment, sac au dos, marchent d’un pas déterminé jusqu’à Santiago de Compostella.
Il y a ceux qui feront le parcours quasiment d’une traite et ceux qui n’en feront qu’une partie pour revenir l’année suivante. Certains l’envisagent comme un défi sportif, un peu comme une randonnée au long cours, qui demande une force de caractère (d’âme, aussi ?) et une endurance peu communes. Bien sûr, ceux qui sont un peu fragiles, dans leur corps ou dans leur tête, risquent de renoncer assez vite, car la marche devient si éprouvante qu’elle est insupportable. Et pourtant, certains, malgré leurs pieds en sang, continuent d’avancer, soutenus par une sorte de flamme intérieure.
Qu’elles sont rudes, ces montées, et parfois acrobatiques, les descentes, sur des sentiers mal tracés où les cailloux séculaires s’effritent et roulent sous les pieds en feu… Parfois même, sur le rude plateau d’Aubrac ou dans la montée à Roncevaux, un hiver qui s’attarde leur joue de bien vilains tours : nos pèlerins se trouvent alors pris dans la tourmente. Le froid est si mordant qu’ils se prennent à rêver d’une houppelande tissée en laine d’ovibos, si chaude et douce. Et dans ces moments-là, le fil – si ténu et solide à la fois - qui les relie aux autres, venus de tous les horizons, les aide à franchir le cap difficile.
Le soir, au gîte, ils récupèrent, bavardent, partagent un copieux repas et oublient les moments de découragement ! A table, les portions sont généreuses et les plats adaptés : il faut refaire le plein d’énergie pour repartir le lendemain… Point de papillotes safranées, de farandole de petits légumes nouveaux ni d’émulsions sophistiquées, mais de bons gratins roboratifs, une belle poêlée de pommes de terre ou un aligot pour accompagner les saucisses grillées au feu de bois !
Et le voici, le voilà, ce 10ème mot, celui dont on ne sait pas bien que faire… Ce mois-ci, c’est albâtre, que pourrais-je donc trouver ?
Je ne peux résister à la tentation d’aller à la pêche sur « la toile », où je déniche une très belle petite Vierge du XIVème, placée sur un retable en la Basilique Saint-Seurin de Bordeaux. Un bien joli mot, finalement, pour clore mon texte, car très nombreux au cours des siècles furent (et sont encore) les pèlerins qui invoquèrent sa protection.
Et pour finir en beauté, j’évoquerai l’extraordinaire périple d’une femme de presque 50 ans qui partit de son village de Lorraine le 16 avril 2001, marcha jusqu’à Santiago (où elle arriva le jour du 15 août, après 122 jours de marche et 2525 kms). De là, elle se rendit à Fisterra – le Finistère galicien – avant de reprendre le chemin du retour : la boucle était bouclée le 14 octobre, après 180 jours de marche et 3478 kms parcourus !..... Mno