L’improbable chemin des terres afghanes aux pelouses Brésiliennes
Il y a quelques semaines en Inde, deux jeunes filles de 14 et 15 ans ont été pendues à la sortie de leur village. Qu’avaient elles bien pu faire qui justifia qu’on les tue avec cette violence alors qu’elles n’étaient encore que des enfants ?
Elles étaient devenues la honte de leur famille.
Mais quelle honte, aussi grande soit-elle, pouvait exiger pour laver l’affront qu’on laissa le corps de ces jeunes filles à la vue de tous, telles des poupées de chiffons désarticulées ?
Elles avaient été violées.
Par des dizaines d’hommes, 38 au total.
Et la honte n’était pas pour ces hommes mais pour les familles de ces jeunes filles.
Quel message envoyait-on ainsi à la face du monde ?
Un ministre a même osé déclarer que si le viol était interdit, il pouvait, occasionnellement, être justifié. Justifié !!!!
Telle une partition bien réglée les déclarations des chefs, de village, de police, de tribus se sont alors succédées. Timides condamnations, insoutenables prises de position.
Et puis il y a eu cette jeune femme Afghane, lynchée à coups de briques par sa propre famille, bien qu’enceinte parce qu’elle osait aimer un homme que ses parents n’avaient pas choisi.
Et cette Pakistanaise dont on effaça les traits du visage à coups d’acide comme on aurait gommé une erreur sur un bout de papier parce qu’elle avait heurté l’honneur d’un homme en ne répondant pas à ses avances.
Et que nous diraient ces jeunes lycéennes enlevées au Nigeria pour servir d’esclaves sexuelles à des combattants qui n’ont rien de glorieux ? Que le bleu de leur ciel s’est brusquement assombri pour n’être plus que ténèbres et que jamais au grand jamais il ne pourra de nouveau être bleu ? Que la bise la plus glaciale ne pourra jamais chasser ce voile dans leurs yeux et ne sera jamais plus froide que l’hiver a jamais gravé dans leur cœur ?
Toute la beauté, toute la pureté, l’innocence et le dynamisme de ces jeunes filles foulés au pied, bafoués, assassinés. Pour qui, pourquoi ?
Qu’il doit être douloureux d’être femme dans ces pays. Malheureusement. Tristement.
Insupportablement. Intolérablement.
Je ne sais pas vous mais moi j’ai mal. De colère, d’impuissance, de silence. D’incompréhension.
Si demain la parole pouvait être donnée à toutes ces femmes, que nous diraient-elles ?
Oseraient-elles, pour une fois dans leur vie, parler à cœur ouvert ? Se l’autoriseraient-elles ?
Auraient-elles le courage de le faire et nous celui de les entendre, d’affronter leurs regards ?
Ces femmes qui meurent chaque jour deux fois, une fois sous les coups de leurs agresseurs, une autre sous celui de notre silence voire de notre indifférence ; ces femmes dis-je ne demandent rien, ne quémandent rien. Elles meurent en silence. Et ce silence devient de plus en plus assourdissant.
« Nul sang n’est d’un rouge plus rutilant que celui des martyrs ». Mais la terre a beau virer au rouge, d’un rouge aussi épais que celui d’un velours recouvrant le sol, il semble que cela ne soit pas suffisant.
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Depuis deux semaines déjà des hommes portent sur leurs épaules tous les espoirs d’un peuple, d’un monde. La pression est immense, l’attente insupportable et l’espoir, sans doute, démesuré.
Ce monde a les yeux tournés vers le Brésil et plus rien n’a d’importance.
Quand certains voient l’orgueil de tout un peuple, de tout un pays associé à un ballon, moi je rêve de voir celui de tout un monde associé au respect de la femme, de l’humain , de tous les êtres humains.
Car se battre et mourir dans l’indifférence devrait être le combat du passé, de la honte.
Mais se battre, avancer et faire avancer les choses avec l’aide de tout ce qu’il y a d’humain en nous devrait être le combat du présent, du futur. Celui de tous les temps car aussi celui du respect.
Et on le sait il n’y a pas de vie digne de ce nom sans respect.
Aujourd’hui c’est aussi un combat pour qu’un jour ces femmes ne soient plus seulement quelques lignes de faits divers dans nos journaux mais qu’elles aient, à défaut d’avoir un nom au moins un prénom.
LMN Juin 2014
PS : Ceci est un mélange de quelques-unes des horreurs vécues par plusieurs jeunes femmes à travers le monde ces dernières semaines . Pour qu’on ne les oublie pas.