Quand on me demande comment je vais,
Je réponds poliment « merci, c’est parfait »
Oh, j’ai bien de l’arthrose, le cœur me joue des tours,
Le pouls est faible et le souffle un peu court
J’ai du cholestérol, un peu d’asthme, ce n’est rien…
Car, vu mon âge, je me porte bien.
Je ne me déplace plus que ma canne à la main
Tout en choisissant le plus court chemin.
La nuit, souvent, l’insomnie éveillée me maintient,
Mais tout s’arrange quand arrive le matin…
J’ai des vertiges, la mémoire a des trous
Mais pour mon âge, je ne vais pas mal du tout.
Dans ce petit poème on pourra noter
Que lorsqu’arrivent l’âge et les difficultés
Mieux vaut en accepter les changements
Et ne pas parler de vieillissement
En serrant les dents laisser faire son destin
Et avec ses maux ne pas ennuyer son voisin.
On dit : « La vieillesse c’est l’âge d’or »
Je pense toujours à ça quand je m’endors
Les oreilles dans leur boîte,
Dans le verre nagent les dents
Les yeux sont sur la table, en attendant
Et dans ma tête, je me mets à chercher
Si je n’ai oublié aucune pièce détachée.
Dans les jeunes années, sans exagérer
Il était facile de courir, se baisser, s’incliner.
A la fleur de l’âge, on pouvait encore
Danser sans fatigue jusqu’à l’aurore.
Maintenant les temps ont bien changé
Une course ou deux, il faut se reposer.
Un bon conseil à ceux qui vieillissent
Qu’ils serrent les dents, de la vie se réjouissent
Au réveil, après le ramassage des « pièces »
Qu’ils courent vers la rubrique nécro dans la presse
Si leur nom n’y est pas, il est alors certain
Qu’ils vont bien !!!
Texte de la poétesse polonaise, Wislawa Szymborska, Prix Nobel de Littérature 1996
En « réponse » à « pauvres vieux » !!!!!!!!