Voyage au bout du monde réel
Lorsque on prend la route qui mène à la pointe de l’isthme, on est certain de faire un voyage
qui vous transporte dans un lieu intemporel et fantasmagorique.
Imaginez…..
Au départ vous galopez sur un chemin empierré et poudreux bordé de buissons épineux, sous un ciel bas et plombé. Une forte chaleur qu’aucun souffle de vent ne vient atténuer rend étouffante l’atmosphère.
Derrière chaque arbuste peuvent se dissimuler quelques brigands qui n’hésiteraient pas à se transformer en assassins pour un ou deux sous refusés.
Vous parvenez enfin à une forêt où des arbres gigantesques, aux troncs tordus, s’entrelacent dans un enchevêtrement de branches qui vous giflent le visage pour peu que l’on n’y prenne garde. D’immenses plantes se frayant un passage vers la lumière complètent le tableau et contribuent à l’opacité de l’endroit.
Le chemin devient étroit, sombre et ce lieu envoûtant et oppressant.
Ici et là apparaissent des diablotins, sortent d’elfes menaçants et grimaçants, venant aiguiller les jambes de nos montures. Celles-ci, sous l’effet de la piqûre et de la peur se mettent à renâcler, à s’agiter. Vous devez en maintenir fermement les rênes.
Souvent vous êtes contraints de continuer à pieds, écrasant sous vos pieds d’énormes cagouilles que vous avez du mal à distinguer sur le sol jonché de débris de bois et de feuilles. Le craquement de leur coquille résonne, accompagnant les sons gutturaux de sombres oiseaux s’envolant dans un froissement d’ailes.
Vous arrivez enfin à l’orée de cette forêt et là s’étalent devant vous un paysage marécageux dont une vapeur tremblante et à l’odeur nauséabonde s’échappe.
Un guide initié vous montre la voie à suivre, scrupuleusement, car nul ne saurait s’y égarer sans perdre vie.
Attentifs, silencieux, vous mettez les pas de vos chevaux dans l’empreinte des sabots de celui qui vous précède.
Dans cette chaleur moite une certaine torpeur vous envahit et vous devez lutter pour maintenir en vous la lucidité qui s’impose.
Une sorte d’évanescence se transforme soudain en apparition de fée ou est-ce maintenant la rencontre d’une sorcière au visage tordu et machiavélique et puis tout retombe et disparaît pour se manifester un peu plus loin. Aucun chant d’oiseau, croassement ne vient rompre le silence lourd et pesant.
Encore quelques heures de cette lente et pénible progression et enfin s’offre à votre vue une vaste plaine couverte de fleurs superbes, aux tons éclatants à l’odeur enivrante.
Le soleil lance ses rayons dorés et chauds dans un ciel pur. Un légère brise vous enveloppe et vous rafraîchit. Vous arrivez au bout de votre route.
Là-bas, au loin, la mer baigne doucement la terre de ses flots turquoise.
Anne-Françoise