Bas les masques
Dans notre société contemporaine, plus que jamais cosmopolite, accueil ou clandestinité favorisé par la suppression des frontières, que ne rencontre-t-on pas, que ne mange-t-on pas, dans notre cher pays ?
Narrer le devenir « spontané » de cette ouverture à toutes les civilisations, à toutes les coutumes tant culturelles que cultuelles voire gastronomiques, m’interpelle.
Au hasard de mon aventure, dans cette mégapole « new-look », par le canal d’un escalier secret, je me retrouve, dans le brouhaha, dans le marasme d’une foule bigarrée.
N’y a-t-il pas un notable romain, drapé dans une toge immaculée, un semble-t-il égyptien, vêtu d’un galabiéh, coiffé d’un turban, une favorite, parée dans ses atours vestimentaires, tels à la Marquise de Madame de Pompadour… ?
Noblesse oblige devant cette créature de rêve, je lui fais une révérencieuse courbette.
Mais, faut-il que je vous dise que, dans ce carnaval ambulant, j’ai décroché à une patère qui me tendait des objets insolites, notamment un masque primitif d’Afrique Noire en bois d’ébène, un pagne en matière végétale tressée de Polynésie ! Et, histoire de mieux passer inaperçu, j’ai les pieds nus.
Cet accoutrement est, ce me semble, assez bien adapté à ce folklore. N’avais-je pas auparavant, un tee-shirt, un short et des tongs. C’est drôle comme notre langue française à tendance à s’évanouir au gré du temps !
Ce troc fait sur place, me transporte, dans les pays chauds, me rappelant, toutefois, que sur le sol métropolitain, on vit au mois d’août, période dite estivale.
Mais revenons à notre Marquise…son passage peut être suivi à la trace grâce à l’effluve d’un suave parfum enchanteur. Et…oh ! surprise ! d’autres odeurs appétissantes titillent mes narines. Et, que vois-je ? des tables chargées de victuailles de tous horizons, des boissons tout aussi exotiques et spéciales !
La tentation est forte et je succombe à cette offre où chacun, à travers son déguisement, peut se servir à sa guise.
Malgré mes apparences d’un être d’Outre-Mer, je me sens un petit citoyen français et j’opte pour un beau filet de bœuf cuit à point, disons saignant…mes papilles adorent. Par contre, dans la gamme des boissons, je choisis un merveilleux breuvage : l’hypocras, au poivre setchouan, reconnu fort onéreux dans les recettes culinaires.
De mes pérégrinations, dans ce dédale où le fil d’Ariane ne conduit nulle part, je constate que ces personnages sont de vrais fantômes, plongés dans leurs fantasmes, qui présentent, de toute évidence, un certain mal-être. Sans doute, dans leur existence, au quotidien, ils doivent manger de la vache enragée ! Cette projection dans un monde imaginaire ne suffit pas à leur apporter ce qu’ils ne trouvent pas dans leur vraie vie.
Pour ma part, dans mon anonymat, j’ai pris plaisir à côtoyer ces énergumènes.
J’ai retroqué ma tenue d’été, je suis reparti comme j’étais venu, sans la moindre idée de me faire psychanalyser.
Serge