Le concert d'Automne.
Tout en naviguant sur le fleuve ocre au coeur de la jungle, il fut étonné d'entendre quelques arpèges en écho aux trilles et caquetages des animaux sauvages.
En évitant plusieurs îlots sans tanguer, un dilemme surgit : ramer jusqu'à la tribu des Toucans pour une soirée de transe ou accoster là afin de découvrir qui se cachait derrière cette musique. Des deux côtés il y avait du sacré pour un érudit qui récoltait les langages des ethnies les plus cachées.
Il débarqua avec son attirail d'explorateur de voix. Il ne se déplaçait jamais sans sa clé USB, véritable dictionnaire en vernaculaire. Il s'enfonça dans la forêt .Il atteignit une clairière. Oh surprise, il débusqua un groupe de musiciens qui semblaient venir des quatre coins du monde. Il comprit qu'ils étaient soucieux et inquiets. En effet, l'un des leurs avait disparu pendant la nuit de même que l'antiphonaire.
Devant leurs mines déconfites il proposa son aide. Il sillonna le secteur méthodiquement. Un ronflement guida ses pas. Dans l'enchevêtrement des lianes il trébucha. Il s'arrêta et reconnut le corps d'un homme assoupi. Il le secoua doucement et remarqua qu'il avait pour oreiller un livret de chants. Effet somnifère efficace ! Le choriste se sentait déboussolé. L'ethnologue le raccompagna au campement qui poussa des vocalises de soulagement. Tous en rirent. L'endormi retrouva sa maîtrise.
Chacun reprit possession de son instrument. La répétition pouvait commencer. Dans un rythme solennel notes et voix s'élevaient dans
l'air tropical. Instant de grâce où l'on retient son souffle au coeur du monde.
Le concert s'annonçait mémorable et magistral.
Le 29 Octobre 2010 TINE