Mi- février
La bastide du 13ème siècle offrait un décor tout approprié au bal médiéval du 14 février.
Les arcades et tours fortifiées, illuminées par des torches, ravivaient les remarquables façades à colombage. Autour des braseros et marrons chauds, jongleurs et musiciens attiraient les villageois. Un gai charivari courait dans les ruelles. Reines , rois, serfs, bouffons, moines, chevaliers, paysannes festoyaient en joyeuse liberté en trinquant et en buvant un élixir purpurin.
Les gobelets s’entrechoquaient .
Les gésiers se rafraîchissaient.
La mascarade cachait le plus machiavélique des Valentin sous les traits d’un Arlequin taquin .En invitant une coquette paysanne à danser, il usa de son habile courtoisie. Au son de l’épinette et de la vielle, il la salua, lui prit affectueusement la main, la fit tourner lentement en esquissant des petits pas d’avant en arrière. A la fin du morceau, le regard langoureux, il s’approcha d’elle pour lui chuchoter :
« Plus précieux que le diamant,
Je vous offre mon cœur. »
Un cracheur de feu envoyait des vapeurs enflammées. Surprise, Capucine recula et toussota discrètement ; elle se caressa la joue comme pour estomper une rougeur qui montait en elle.
Bertrand, jamais loin de sa Belle, l’oreille baladeuse, riposta jalousement :
« Pour sûr, le gueux,
il ne vaut pas cher ton cœur. »
Ironiquement, l’Arlequin lança :
- Plaît-il ?
- Oh rien, le soir est amoureux….répliqua Bertrand
Capucine faussement prude, entendait clair et voyait juste. Elle s’éloigna décidée de ne pas se laisser amadouer par ce coquin en habit bariolé. Elle était fière de son vaillant et honnête Bertrand.
Ils s’aimaient en secret.
Sur un ton moqueur elle murmura :
« qui est démasqué
qui pensait charmer. »
Penaud, Gontran l’Arlequin dévoilé, se glissa dans les ombres de la nuit………
Tine